Cours publics Jeudi 7 février à 18h30
Fr. Charles Desjobert, dominicain et architecte
Bâtir une église est un défi. Que dire pour un couvent, véritable petite cité qui unit lieu de culte et de vie, espace d’étude et de travail, clôture et ouverture sur le monde. Nourri des réflexions du renouveau liturgique et averti des limites d’un simple retour au passé, le XXe siècle est l’occasion d’une mue dans la façon d’appréhender les couvents.
Après l’époque des monastères néo-gothiques, les années d’avant-guerre sont celles de la réflexion sur le couvent idéal, avant sa mise en œuvre dans les années cinquante : l’époque de la course aux couvents. Un lieu « sans luxe ni superflu » (Père Couturier, op), voilà l’enjeu pour des religieux qui souhaitent initier un retour aux sources… mais qui voient en grand : démesure d’édifices religieux bientôt à l’abandon ; défiance vis-à-vis de toute ostentation sacrée, au point d’en gommer les codes traditionnels à la fin des Trente Glorieuses.
De la chapelle conventuelle de Matisse au monastère de R. Piano, en passant par les couvents de la Tourette, Vaals ou Novy Dvur, nous évoquerons ceux qui voulurent « loger cent coeurs et cent corps dans le silence » (Le Corbusier) en exaltant le génie chrétien du lieu. Il ne s’agit pas d’abord d’admirer des chefs-d’œuvre mais d’explorer les processus de réélaboration d’un programme millénaire : gérer les conflits communautaires qu’entrainent des réalisations audacieuses ; réunir des moines architectes (H. van der Laan, F. Debuyst) et des artistes athées ; construire un lieu pour vivre autour d’un cloître et de ce cloître faire jaillir une oeuvre complète : le rêve de l’architecte. … Partons à la découverte de ces lieux qui dressent, habilement ou massivement, les pierres sauvages du XXe siècle.