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Accessibilité : « Le jour où je suis devenu délinquant »

Il y a quelques mois, Nadia Sahmi, architecte AMO en accessibilité réagissait, dans une interview au Moniteur.fr , sur la nécessité de réécrire quelques textes réglementaires de la loi du 11 février 2005 concernant la mise en accessibilité du cadre bâti. Aujourd’hui, Philippe Maffre, architecte spécialisé dans la muséographie et la mise en valeur du patrimoine culturel, porte un éclairage sur les limites de la loi.

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Appel à communication : Les élèves d'Eugène Viollet-le-Duc.

Journée d’étude organisée le 20 et 21 février 2020. La date limite de l’envoi des propositions est le 29 avril 2019. Pour tout contact, veuillez utiliser l’adresse email : elevesvld@gmail.com

Au cours du XIXème siècle, Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc (1814-1879) incarne une de ces figures qui dressent à travers leurs expérimentations de nouvelles pratiques de restauration. L’architecte-théoricien les formulera dans des textes qui jalonneront sa carrière. Parallèlement, la réappropriation des monuments anciens est à l’origine de sa réflexion sur l’architecture de son temps ; il voit dans l’architecture gothique les outils didactiques nécessaires pour la création d’une architecture nouvelle, rationnelle, adaptée au siècle de l’industrie. Tout au long de la carrière de l’architecte, du restaurateur ou de l’enseignant, un cercle de confrères se constitue, autour de lui et de ses idées, et développe les réflexions menées par le « maître » ; Viollet-le-Duc.
D’abord enseignant de composition d’ornement à l’École royale gratuite de dessin1 de 1834 à 1850, il est ensuite sujet à deux mésaventures à l’École des beaux-arts : l’atelier libre rapidement avorté en 1856 et sa tentative de réforme en 1864, reçue par l’agitation des élèves entraînés par des enseignants opposés aux visions du représentant de l’architecture gothique. Il y donnera sept de ses cours, du 29 janvier au 18 mars 1864. À la suite de ce second échec à l’École des beaux-arts, il soutient Émile Trélat dans la fondation de l’École centrale d’architecture2 en 1865. À travers son enseignement oral et à travers ses publications - de ses ouvrages à ses articles dans des revues3 s’adressant aux professionnelles en activité -, Viollet-le-Duc a transmis son savoir et élaboré une pédagogie de l’architecture4. Une question reste de mise ; a-t-elle fait école ? William Le Baron Jenney (1832-1907), élève de l’École centrale des arts et manufactures se revendique de l’École violletleducienne dans « l’invention » des gratte-ciels à Chicago. Enseignant à l’Université de Michigan, il cherche à importer la pédagogie de l’architecte français et achète pour la bibliothèque de l’établissement les ouvrages nécessaires à son propre enseignement, dont les Entretiens, traduit en anglais par Henry van Brunt (1832-1903)5. Si la place de la pratique et du chantier6 est centrale dans l’oeuvre de Viollet-le-Duc, elle reste à explorer dans son enseignement. L’apprentissage « sur le tas », comme sur le chantier-école de la Sainte-Chapelle, fait partie des inépuisables méthodes pédagogiques en architecture. Les expérimentations liées à la nouvelle discipline qu’est la restauration, trouvent un lieu idéal de transmission des savoirs dans le chantier, identifiant les architectes du XIXe siècle à une communauté de maçons du moyen-âge se transmettant des secrets l’expérience commune, de praticien à praticien.
La journée d’étude Eugène Emmanuel Viollet-le-Duc et ses élèves n’a pas l’ambition de revenir sur la carrière et les réalisations de Viollet-le-Duc déjà largement explorées par les travaux de Jean-Michel Leniaud7, Françoise Bercé8, Arnaud Timbert9, Martin Bressani10 ou Laurent Baridon11, et lors de nombreux évènements comme des expositions12, journées d’étude13 ou colloques14. La journée d’étude proposée s’inscrit en revanche dans la continuité de celle organisée par l’école de Chaillot le 11 décembre 2014 sous le titre Viollet-le-Duc, enseignant qui regroupait notamment les communications de Jean-Paul Midant sur la diffusion de l’enseignement de Viollet-le-Duc15, Frédérique Seitz sur l’école spéciale d’architecture16 et Benjamin Mouton sur l’actualité de l’enseignement de Viollet-le-Duc à l’école de Chaillot17. Ici, on s’attachera plus particulièrement à explorer les effets de ses enseignements à travers les travaux et carrières de ses collaborateurs et élèves. Le terme d’élève est ici à prendre au sens large ; de l’élève ayant assisté à des enseignements professés par l’architecte dans l’un ou l’autre des établissements l’ayant accueilli, à des figures dont les méthodes d’enseignement, de restauration ou de construction découlent, directement ou indirectement, d’idées développées par l’architecte-théoricien, en passant par des personnalités s’autoproclamant de l’école violletleducienne.
Anatole de Baudot18 au Trocadéro, Edmond Duthoit19 à Abbadia, Lucjan Wiganofsky20 à Pierrefonds, Guiraud Cals à Carcassonne, Léon Parvillé21, Eugène Millet, Lucien Magne qui côtoie Viollet-le-Duc pendant le siège de Paris, Paul Abadie, Édouard Corroyer, Paul Gout son biographe, son propre fils Eugène-Louis Viollet-le-Duc, Victor Marie Charles Ruprich-Robert suppléant de l’architecte à l’École gratuite de dessin, Hector Guimard, William Le Baron Jenney, Maurice Ouradou son gendre, André Lecomte du Nouÿ22 en Roumanie, Léon Gaucherel élève de Viollet-le-Duc à l’École gratuite de dessin et compagnon de voyage … ils sont nombreux à s’inscrire, au moins pour un temps, dans le sillage de Viollet-le-Duc ou à se réclamer de sa pensée. L’héritage de « seconde main », notamment chez les architectes praticiens qui n’ont que peu ou pas connu Eugène Viollet-le-Duc de son vivant mais ont reçu ses enseignements par l’intermédiaire de ses premiers élèves pourra être également exploré. Comment identifier par exemple, la présence d’une pensée violletleducienne dans la pratique des Architectes en chef des monuments historiques dont le corps est créé par le décret du 26 janvier 1892 et le premier concours de recrutement organisé en 1893-1894 ?
Partant de la liste publiée dans le catalogue de l’exposition de 198023, l’étude des carrières de ces personnalités qui reçoivent l’enseignement du « maître » et s’en émancipent, pourrait révéler la transmission de savoirs, de compétences, de processus de création d’un praticien à l’autre, de générations en générations. L’objectif de cette journée d’étude est de recenser et d’analyser l’héritage de Viollet-le-Duc à travers les carrières qu’il a influencées et de définir ainsi la nature et la portée de ses enseignements, la place de ses disciples, élèves, collaborateurs, alter égos dans le paysage architectural de la fin du XIXème et du début du XXème siècle.
Les travaux de recherche exposés au cours de cette journée d’étude pourront s’inscrire dans différents axes, tels que :
 Les enseignements de Viollet-le-Duc, au sein d’institutions académiques (École gratuite de dessin, École des beaux-arts, École centrale d’architecture) ou à travers ses écrits dans lesquels il transmet tant sa théorie de la restauration, qu’un processus de projet et un catalogue de formes architecturales issues du Moyen Âge, que l’on peut classer en trois catégories ; les dictionnaires (comme le Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle24), les ouvrages destinés à la jeunesse (comme Histoire d’un dessinateur, comment on apprend à dessiner25) et les monographies (comme La Cité de Carcassonne (Aude)26).

  • -Le chantier comme lieu d’enseignement et d’expérimentation intégrant les savoirs, les représentations et les pratiques pour intervenir sur les monuments historiques. On examinera également les transferts de connaissances et d’hommes depuis le chantier de restauration vers les chantiers de construction.
  • -Les relations entre Viollet-le-Duc et ses collaborateurs dans la pratique professionnelle, l’autonomie qu’il leur octroie ou non, à la fois sur ses propres projets et lorsqu’il recommande des architectes pour une mission en France ou à l’étranger.
  • -Les carrières professionnelles des élèves de Viollet-le-Duc, en mettant l’accent sur le domaine de la restauration et de la construction. Car si Viollet-le-Duc n’a pas beaucoup construit en comparaison du nombre de ses chantiers de restaurations, ses élèves ont pu construire, certains en quantité. On cherchera à retracer les présences et absences de la pensée violletleducienne dans les œuvres de ses cercles d’influence.
  • -D’une génération à l’autre, les élèves deviennent eux-mêmes enseignants. Ses disciples ont enseigné à l’École des beaux-arts ou dans d’autres écoles comme Anatole de Baudot qui a fondé le cours du Trocadero devenu École de Chaillot. L’analyse des enseignements délivrés par les élèves de Viollet-le-Duc permettra de retracer les éléments qui ont fait école dans sa transmission ou au contraire, l’émancipation de ses élèves.

Benjamin MOUTON "Sens et renaissances du patrimoine architectural"

A la lumière de quarante années d’exercice d’architecte en chef des monuments historiques, de cours donnés à l’École de Chaillot, de conférences et engagements innombrables en France et à l’étranger, Benjamin Mouton nous livre l’issue de ses réflexions, et une vaste somme de recommandations pratiques pour la réhabilitation active du patrimoine architectural.

http://www.lescendres.com/livre/sens-et-renaissances-du-patrimoine-architectural
416 pages / 220 x 280 / 800 ill. couleurs (photos, plans, croquis…)
isbn 978-2-86742-278-2 / Prix public 42 €
https://www.librairiedumoniteur.com/sens-renaissances-du-patrimoine-architectural-benjamin-mouton,fr,4,9782867422782.cfm

Communiqué de presse sur la loi Notre-Dame

Communiqué de presse à lire ci-dessous

Regard sur une exception
S’il est une exception bien identifiée, c’est celle de notre culture.

‘‘L’exception culturelle française‘‘ parfois raillée, fait reconnaître la dimension singulière, complexe et nuancée de l’identité française, qui s’exprime pleinement dans son attachement fort au patrimoine et aux valeurs qui lui sont liées.

A l’instar d’autres grandes cathédrales françaises, Notre-Dame de Paris constitue un « chef d’œuvre du génie créateur humain » comme le définissent les critères de la Liste du patrimoine mondial. Mais plus encore qu’aucune autre, elle constitue l’un des socles de l’identité française, magnifié par les écrits de Victor Hugo ou Huysmans et transcendant le profane et le sacré : elle est le symbole séculaire de l’unité d’une nation par lequel le monde reconnaît une exception française.

A travers l’œuvre originale et remarquable effectuée par Viollet-le-Duc sur la cathédrale, Notre-Dame est devenue le réceptacle des réflexions et expériences qui ont fondé notre aptitude à penser le patrimoine, et notre compétence à le restaurer, l’entretenir, et le mettre en valeur. Elle a cristallisé les valeurs fondamentales et
universelles du patrimoine comme expression de l’identité française. Restaurer la cathédrale Notre-Dame de Paris appelle, une nouvelle fois encore, à l’exemplarité.

Dans l’absolu, nous ne pouvons que souscrire à la volonté forte exprimée par le Président de la République au soir du 15 avril 2019, d’engager tous les moyens pour restituer rapidement sa force de représentation à l’édifice.Le défi est grand, et chacun a à cœur de démontrer sa capacité à répondre à l’appel de cet enjeu exceptionnel.

Pour autant, faut-il instituer une ‘‘loi d’exception‘‘, alors même que les lois françaises en la matière ont la vertu de leur grande maturité ? Ne répondent-elles pas avec intelligence, à l’importance et la complexité des sujets qui se conjuguent autour du patrimoine en matière d’environnement, d’urbanisme, de commande publique, de fiscalité ?

Retenons pour en attester, le fait que dès le lendemain de l’incendie, il a été possible d’engager, dans la plus grande urgence, de très importants travaux de mise en sécurité dans le plus strict respect des lois. Admirons avec quelle célérité l’ensemble des autorités (conservateurs, DRAC, ABF), des experts (ACMH, ingénieurs, restaurateurs, historiens) et des compétences (40 entreprises spécialisées du patrimoine, compagnons) ont su se mobiliser pour agir.

Avec une ‘Loi d’exception,’ quel signal allons-nous envoyer aux propriétaires du patrimoine national et au reste du monde ? Celui d’une volonté d’agir ou celui d’une incapacité à faire avec notre législation, pourtant si souvent enviée ?

Notre loi actuelle dispose de tous les moyens permettant d’agir avec raison, qualité et sens, tout en réservant une place légitime aux débats d’experts.
Elle est un terreau riche offrant de grandes capacités d’action.
Elle appelle à la plus grande compétence.
Elle est la traduction dense et subtile de la construction de notre citoyenneté et de l’attention à la préservation de nos équilibres de société.

Certes, ses applications quotidiennes sont parfois complexes et sources de lenteurs, et en ce sens nous comprenons le souhait de vouloir en optimiser les applications. Mais ne peut-on, de façon interne au Ministère de la Culture, déclarer prioritaires les dossiers estampillés ‘‘Notre Dame’’ et résoudre ces questions sans révolutionner la Loi ?

En tout état de cause, l’Association des Architectes du Patrimoine met à la disposition du Gouvernement la grande expérience et la culture de ses membres pour évaluer la nature des ordonnances à envisager dans le but de rendre plus efficace l’organisation des procédures.

Nous admettons que la sécurisation, puis la restauration de Notre-Dame de Paris soit le laboratoire d’une amélioration de notre capacité à faire les choses avec grandeur.
Nous soutenons l’idée que l’Etat recherche une organisation efficiente de ses compétences, sous condition de transparence, d’objectivité, et à l’abri des pressions des lobbies. Nous regardons avec bienveillance l’exceptionnel élan de générosité des mécènes français et étrangers, et souhaitons que cet engagement puisse soutenir durablement l’ensemble du patrimoine français.

Mais nous refusons l’idée d’une loi rédigée en urgence qui ne semble pas savoir exprimer avec clarté la substance de son exception, et qui risque de constituer une jurisprudence préjudiciable et régressive envers une législation si patiemment élaborée.

La restauration de Notre-Dame de Paris doit être, selon nos vœux, l’affirmation de notre exceptionnelle expertise nationale s’exprimant par la mobilisation des compétences les plus spécialisées.

Conférence-débat : "La réforme de la commande publique 2016 peut-elle favoriser la qualité des chantiers du patrimoine ? "

par Nicole Sitruk, experte juriste, Samedi 5 novembre à 15h45 au salon du Patrimoine, Carrousel du Louvre, Paris .
. Nicole Sitruk, experte juriste, chargée de la rédaction de la fiche "Réforme de la commande publique 2016" de la MIQCP - Mission interministérielle pour la qualité des constructions publiques.